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LA NOTION DE VIDE

 

La notion de vide est plus riche dans les cultures non occidentales. En particulier, dans la culture chinoise, le concept est beaucoup plus élaboré est très proche de ce que les physiciens entendent par vide.

« Dans l'optique chinoise, le vide n'est pas, comme on pourrait le supposer, quelque chose de vague ou d'inexistant, mais un élément éminemment dynamiques et agissant. Lié à l'idée des souffles vitaux et du principe d'alternance Yin-Yang. Il constitue par excellence le lieu s'opère les transformations, ou le plein serait à même d'atteindre la vraie plénitude. »      

François Cheng (in vide et plein, le langage pictural chinois)

 

On le voit, dans la culture orientale, la notion de vide est beaucoup plus dynamique que pour les occidentaux et entretient un dialogue fructueux avec la notion de plein. De la même façon, en physique, le plein se construit sur le vide. Le parallèle est d'ailleurs saisissant entre la célèbre citation de Lao-Tzu reproduite en en-tête et la construction quantique de la figure ci-après.

 

Une autre image qui vient à l'esprit du physicien quand il évoque le vide quantique est un grouillement de fluctuations quantiques. Des paires particule-antiparticule sont engendrées à partir du vide puis ce recombinant pour redevenir du vide. Ceci est une violation de la conservation de l'énergie de deux fois mc2 (particule et antiparticule ont la même masse m) mais la mécanique quantique permet ce type de violation pendant un temps d'autant plus court que la masse est grande. Ces particules sont dites virtuelles parce qu'elles ne peuvent pas être détectées : sinon, la violation d'énergie serait flagrante. Ceci veut dire que le vide quantique est virtuellement riche de toutes les particules, de toutes les potentialités de l'univers en un sens. Et c'est cette potentialité qui donne de l'énergie au vide. Comment représenter le vide quantique ?

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Le premier exemple qui me vient à l'esprit et un jardin zen japonais, plus précisément les étendues de gravier rythmées par le râteau du jardinier, qui forment le fond du jardin zen sur lequel se détachent quelques ensemble de pierres ou d'arbustes. Ce fonds est aussi peu définissable que les le vis quantiques et pourtant c'est sur lui que ce construit l'univers qu'est le jardin, clos par un mur qui en marque la limite, mais qui reste en dialogue permanent avec le monde extérieur un arbre en fleurs ou une frondaison qui dépasse le mur. Dans les grands jardins historiques, comme le Ryoan-Ji, il s'y ajoute une dimension temporelle, symbolisé en un sens par la plate-forme en bois qui surplombe le jardin de quelques marches : les générations de visiteurs qui sont venus contempler le jardin et y méditer l'ont investi de leurs réflexions, de leurs rêves et de leurs expériences. Le jardin est riche de toutes ces histoires virtuelles, de toutes ces potentialités, et est devenu au cours des siècles bien plus qu'une étendue de gravier avec quelques pierres dressées. Une sorte de vide quantique… Comment représenter le vide quantique ? Dans la pensée chinoise le vide a aussi cet aspect originel, où il est l'état suprême de l'origine.

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Pierre Binétruy « A la poursuite des ondes Gravitationnelles »

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